La Légion Sauvage - Chapitre 1 - Le départ(par « Zumo » le 27/04/2005)

« Je suis Arthus Crosswind, citoyens de l’alliance, traître à sa patrie et aujourd’hui je vais mourir. »

Voilà comment se finit mon histoire, et comment commence mon livre. Mon jugement a été rendu hier… la pendaison jusqu’à ce que mort s’ensuive. Les bonnes dames de la cour ont pris ma désinvolture pour du courage et les militaires l’ont interprété comme une hérésie. Mais que voulaient-ils ? Que je me mette à genou ? Que je me sente impressionné par la venue de ce qui m’apparaît comme une évidence depuis plus de trois mois ?

Foutaise !! Ma seule obsession est de finir mon livre.

Je m’esquinte la vue depuis tout ce temps à retranscrire l’histoire incroyable qui finira par me mener à la potence. Le goût du récit hante ma famille depuis si longtemps…

Comment cela a-t-il commencé déjà ? Ha oui… Je me souviens.

Les trompettes résonnaient dans tout Stormwind, la décision avait été prise la veille de lancer une expédition punitive sur Kalimdor. Les multiples rapports, parvenus les mois précédents, avaient alimenté la psychose du bon peuple de l’alliance. Certains prétendaient que Mannoroth le Destructeur avait réussi a contaminer de nouveau la Horde, d’autres insinuaient que les Orques avaient trop longtemps refoulé leur instinct sanguinaire et qu’ils réclamaient le sang des femmes et des enfants…

Mon Oncle Minos avait, quant à lui, un avis beaucoup plus personnel. L’alliance s’effritait de plus en plus, il faut dire qu’à travers toute son histoire cette alliance n’avait connu que le ciment de la guerre. Que ce soit le roi Llane ou le roi Terenas, chacun avait maintenu le fragile équilibre de l’alliance en massacrant des Orques. À croire que le sang Orque parvenait à occulter l’individualisme de l’humanité.
Les provocations incessantes de mercenaires de Theramore avaient suffi pour enflammer le sang de la Horde. Comme cela se dit à Durotar : « Si tu chatouilles un Orque. Attends-toi à recevoir une hache dans le crâne. »
La réponse de Thrall fut aussi cinglante que l’espéraient les dirigeants de l’alliance. Et de fil en aiguille l’expédition sur Kalimdor parue nécessaire et justifiée.
À force de verve et de cadeaux savamment distillés, ce fut le Seigneur Themo qui fut choisi pour mener cette folle entreprise. Outre le fait de lui apporter les grâces de ces dames de la cour, qui en tout instant savait honorer nos bons chevaliers, le Seigneur Themo comptait beaucoup sur l’exploitation des mines de Kalimdor.

J’étais jeune et plein d’avenir, le statut de mon Oncle Minos m’avait valu la place de page au service du chef de l’expédition.

Le dos droit le regard fier et le buste bombé, je trottinais sur mon hongre gris en arrière de la colonne. J’entendais les cris de la plèbe en liesse, la vue de jeunes gens armés avec des armures rutilantes avait le don d’enflammer les foules. Et je dois avouer ne pas avoir été en reste dans cet abus de complaisance.

La cotte de maille rutilante qui me couvrait avait été forgée par mon Oncle. Forgeron réputé du quartier commerçant de Stormwind, il était avant tout un héros de la bataille du Mont Hyjal. Son expérience de la guerre lui avait permis de créer des armures et des armes d’une efficacité redoutable sur les champs de bataille. Il aurait bien voulu les porter lui-même, mais la perte de sa jambe l’avait contraint à rester un membre passif de l’alliance.

C’est avec un certain regret qu’il m’avait forgé mon armure, mais je dois avouer que sont travail approchait la perfection. De large plaque d’acier recouvraient les éléments vitaux et un médaillon avait été soudé sur la plaque pectorale. Selon mon Oncle ce médaillon devait me rappeler le courage de la Horde et m’insuffler ce même courage au combat. Une superstition qui était non négociable selon lui.
L’origine du médaillon m’obligeait tout de même à le conserver caché sous le tabard de Stormwind. Cela aurait pu paraître étrange à certains de mes camarades que j’arbore un insigne de la Horde pour aller combattre les Orques sur Kalimdor.

Je me souviens encore la fierté qui m’envahissait quand je franchis le pont des héros, j’imaginais le regard plein de fierté de ces statues géantes représentant les membres les plus influents de l’alliance. Et j’imaginais volontiers contempler de mon vivant ma propre statue s’élever parmi ces légendes.

Aujourd’hui tous ces petits détails viennent alimenter la mélancolie qui s’empare de moi à chaque fois que je réalise que la mort viendra me prendre sous peu…

À suivre…