« On pioche tic tac, tic tac, tic tac, dans la mine, le jour entier ! »

Rocks ‘n’ Diamonds

Rocks ‘n’ Diamonds Rocks ‘n’ Diamonds Rocks ‘n’ Diamonds Rocks ‘n’ Diamonds

Développeur : Artsoft Entertainment*Graphismes :
Éditeur : N/ASons et musiques :
Année : 1995Difficulté :
Genre : Boulder DashDurée de vie :
Nombre de joueurs : 2** simultanésNote : 8/10


(*) Ce programme amalgame différents moteurs de jeux conçus par d’autres développeurs. En particulier X11 Emerald Mine par David Tritscher et GDash par Czirkos Zoltan.

(**) En théorie, jusqu’à 4 joueurs peuvent jouer en même temps, mais je n’ai pas observé d’implémentation concrète.

Il y a peu (début 2025), je me suis remis à jouer à Emerald Mine, la fièvre m’a repris d’un seul coup. J’ai suivi avec Emerald Mine 2, Emerald Mine 3 et « quelques » autres (euphémisme de bienséance…). Je me suis fait la réflexion que des jeux si addictifs, pour lesquels il est si facile de créer des niveaux personnalisés, plairaient sans aucun doute à la communauté des speedrunners, ou aux vidéastes de tout poil sur YouTube et Twitch. Après tout, le genre était suffisamment populaire dans les années 80 et 90 pour que des joueurs se rassemblent en clubs, aux quatre coins du monde, pour s’échanger des disquettes, et même améliorer le jeu !

Mais tout de suite après, je me suis rappelé le calvaire pour faire fonctionner ces titres sur l’émulateur Amiga… Voilà une fâcheuse barrière à l’entrée. Si seulement il existait un moyen plus accessible de faire découvrir Emerald Mine aux Moldus…

Rocks ‘n’ Diamonds est un jeu gratuit et open source, lancé en 1995 et toujours maintenu par son développeur en 2025 ! Initialement, il permettait de revisiter les niveaux originaux de Boulder Dash, Emerald Mine, Supaplex et même de Sokoban, directement sur PC ou Linux, avec des graphismes « modernisés » (plus haute définition) et une interface unifiée et attrayante (je ne peux qu’approuver les bestioles animées qui déambulent devant l’écran). Il était livré avec un éditeur de tableaux robuste, une fonction d’enregistrement de « cassettes » dont je parlerai plus loin, ainsi qu’un mode deux joueurs en local ou en ligne.

Personnellement, si je connaissais l’application depuis le début des années 2000, je n’en avais guère l’utilité, parce que je me considère comme un intégriste puriste. Je ne conçois de jouer à Emerald Mine que chez moi, sur mon ordinateur fixe (au clavier, avec les flèches !), équipé d’un émulateur Amiga, dans sa version la plus fidèle (style visuel et moteur physique d’origine, mais aussi instabilité, latence dans les contrôles et crises de nerfs associées). Je pousse le masochisme jusqu’à m’y adonner dans les conditions prévues à l’époque ; c’est-à-dire, créer un profil à mon nom, donnant accès uniquement au premier niveau, les suivants se débloquant un par un à mesure qu’on les termine dans l’ordre. Une certaine persévérance s’impose (et la bonne fortune de ne pas tomber sur un niveau infinissable ou une disquette corrompue). J’ai déjà raconté qu’il m’avait fallu une centaine de tentatives pour passer le premier tableau d’Eat Mine (et le nombre de fois que j’ai mentionné ce titre sur le site témoigne de mon degré pathologique).

Or, je suis bien disposé à admettre que les païens mes contemporains n’ont pas les mêmes usages que moi. Ils ont peut-être envie de jouer ailleurs que dans leur bureau, sur tablette, ou, Dieu m’en garde, sur téléphone mobile. Ils n’ont peut-être pas envie de se sentir frustrés, soit par le processus d’installation, le manque de répondant des commandes, ou le système de progression rigide. Je leur pardonne leurs errements ! et souhaite simplement partager avec eux l’exaltation de moissonner les diamants et chasser les yams (ou les papillons, selon leur vocation). Que chacun se rassure, c’est le confort d’utilisation qui a été privilégié, non la fidélité dogmatique à l’œuvre. Un tableau ne vous revient pas, vous pouvez le sauter. Une difficulté, vous pouvez sauvegarder à tout moment (touches « F1 » et « F2 »). D’autre part, une foule d’options esthétiques et ergonomiques sont fournies (thème graphique modifiable, affichage des clés ramassées ou du nombre de bâtons de dynamite restants, touche dédiée à la pose de dynamite, limite de temps désactivable, etc.). Accessoirement, l’éditeur permet de visualiser la « carte » d’un niveau, ce qui est particulièrement utile en présence de murs invisibles…

À partir de 2006, ils ont commencé à intégrer les jeux classiques que nous connaissions sur Amiga, sous l’appellation « Emerald Mine Club ». Des dizaines de milliers de niveaux amateurs, aux décors personnalisés, et surtout, différentes mécaniques revisitées. Année après année, la fidélité s’est améliorée, la résolution et les graphismes originaux restitués, le moteur physique adapté à chaque titre. Aujourd’hui, hormis quelques-uns encore incompatibles (Emerald Dash), vous ne devriez plus faire la différence avec l’émulation, mis à part le démarrage instantané et l’absence de plantage…
En 2024, ils ont appliqué la même démarche aux centaines de clones de Boulder Dash sortis sur Commodore 64 et Atari 8-bits, portant le nombre total de jeux à… une tétrachiée !

En compulsant cet impressionnant catalogue, j’ai eu la surprise de retrouver Dazeldash, un ensemble de niveaux que j’avais bidouillés tout seul avec l’éditeur, en 2002. J’ai pris plaisir à le revisiter, mêlé de souffrance lorsque je me suis heurté au niveau 6… J’ai cru qu’il était impossible, avant de vérifier le tableau des high scores. Deux noms y figuraient, et un intrigant bouton de lecture laissait voir l’enregistrement de leur partie couronnée de succès ! Je suis resté bouche bée, d’abord en découvrant l’existence de ce dispositif, puis devant la technique déployée par ces joueurs ; un peu ému aussi que deux quidams se soient enquiquinés avec mon prototype de jeunesse.
(Quelques heures plus tard, j’ai battu leur record, parce qu’il faut se laisser respecter quand même !)

À partir de là, j’ai commencé à délaisser mon émulateur, intrigué par cette approche collaborative. À chaque niveau réussi, une « cassette » est envoyée à un serveur (on appelait cela une « démo » du temps où je jouais à Unreal Tournament). Notez qu’il ne s’agit pas d’une capture vidéo mais de l’enregistrement chronométré des touches, les fichiers sont donc très légers. Je trouve le partage automatique de cassettes motivant, et m’amuse souvent à comparer ma solution avec celle des autres. L’option reste bien entendu désactivable.

J’ai tout de même une revendication, j’espère que l’auteur l’entendra : il serait appréciable de pouvoir repérer facilement les joueurs qui ne trichent pas, en les affichant en haut du classement indépendamment de leur score, ou en mettant leur nom en surbrillance. Parce qu’en l’état, les premières places ressemblent à un casting pour Matrix 5, avec des acrobates du save scumming qui slaloment entre les monstres au pixel près. J’veux du talent, pas un concours de sauvegardes !

Les tableaux des scores sont également synchronisés et mis en ligne en direct, donnant lieu à la création de leadderboards (similaires à ceux que je fréquente sur Chess Tempo, c’est une polypathologie). Il y a toujours une cinquantaine de joueurs assidus en 2025, à nous d’agrandir ce cercle de passionnés !

Je vais désormais vous instruire dans les voies pratiques. Il est trop tard pour revenir en arrière, l’office d’évangélisation est presque achevé. Téléchargez Rocks ‘n’ Diamonds ici. Le logiciel est modulable, mais gardons-nous d’effaroucher la brebis égarée. Contentez-vous du jeu de base pour commencer. Si ça vous plaît, et que vous en voulez encore, téléchargez et installez « Contributions 1995 - 2006 » sur cette page, des niveaux plus élaborés, avec ou sans le petit bonhomme jaune.

Si la nostalgie vous anime (ou l’intérêt pour l’histoire), téléchargez sur cette même page l’un des deux gros morceaux : « GDash levels for R‘n’D » pour rejouer à Boulder Dash et ses clones 8 bits, « Emerald Mine Club » pour les variantes Amiga.

Si vous vous sentez aventureux, des créations plus exotiques sont proposées (R‘n’D jue, BD2K3, Snake Bite, et même un clone de Zelda !). Quand j’aurai le temps de les essayer, je donnerai mes recommandations…

L’installation est très simple, il suffit de décompresser les archives et de jeter leur contenu dans le dossier « levels » (le répertoire dépend de votre système, mais c’est indiqué sur le site). Ce que j’ai eu du mal à comprendre, c’est la manière d’accéder à ces jeux depuis le programme, pas vraiment intuitive. Il faut sélectionner « Levelset », puis « .. (parent directory) » (deux fois si nécessaire), avant de voir enfin apparaître « Emerald Mine Club », « Boulder Dash » ou tout autre supplément choisi. Concernant Boulder Dash, les titres officiels sont rangés dans « First Star Software ».

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter la bienvenue parmi les illuminés ! Vous recevrez votre casquette rouge sous quinze jours ouvrés.

Dark Reign Dark Reign Dark Reign Dark Reign

Dark Reign Dark Reign Dark Reign Dark Reign

Dark Reign Dark Reign Dark Reign Dark Reign

Pour la culture, le menu multicolore provient du jeu Mindbender (Amiga, 1986), réalisé par le même auteur. Lui aussi a été adapté pour nos machines actuelles, sous son nom d’origine : Mirror Magic.

Où le télécharger ?
Artsoft.org